L’apport d’eau liquide dans le manteau neigeux, par la pluie ou la fonte de surface, transforme les grains et modifie les propriétés des couches, notamment leur cohésion.
Plus la quantité d’eau liquide est importante, plus la cohésion des couches concernées s’affaiblit. La pluie surcharge en outre le manteau neigeux. Cela entraîne essentiellement des départs spontanés d’avalanches coulantes, mais les départs provoqués sont également facilités.
Ces situations génèrent peu d’accidents car elles sont plus facilement anticipées et observables.
Lors d’une hausse de température ou d’un rayonnement solaire importants, qui implique la fonte de la neige en surface, ou lors d’un épisode de pluie, on observe graduellement :
– des arbres qui se déchargent ;
– une neige qui permet les boules de neige et qui « mouille » plus ou moins les gants ;
– un enfoncement à skis ou à pied plus ou moins important ;
– du ruissellement, qui crée des rigoles ou un effet de matelassage en surface du manteau ;
– la formation d’escargots en pied de pente ;
– des départs spontanés ponctuels et parfois linéaires.
La localisation du danger diffère selon les conditions d’humidification. En cas de pluie, toutes les orientations sont concernées, jusqu’à l’altitude de la limite pluie-neige. En cas de fonte, la localisation du danger (orientation et altitude) dépend de la période de l’année, de l’heure du jour et de l’inclinaison des pentes. Plus on avance dans la saison, plus le nombre de pentes susceptibles d’être concernées par une humidification augmente. Typiquement sur une journée de printemps, l’humidification affecte en premier les pentes orientées à l’est, puis celles au sud et enfin, en dernier, celles en ouest.
Les situations de neige humide engendrent essentiellement des départs spontanés. L’humidification ayant tendance à diminuer la résistance des couches, notamment fragiles, les déclenchements de plaques humides provoquées par les skieurs sont facilités.
Conduite à tenir
Au cours d’une situation de neige humide, la vigilance doit être renforcée dans les pentes raides mais également dans les zones dominées, même en forêt.
La situation est généralement plus critique en début de situation et la perte de stabilité peut être rapide :
– lorsque l’isotherme 0°C atteint pour la première fois de la saison des altitudes élevées pour le massif (par exemple, la première fois où l’isotherme 0°C atteint 2500 m-3000 m d’altitude dans les Alpes) ;
– au début de l’épisode de pluie.
Dès que la condition météorologique qui amène la situation de neige humide cesse, le danger diminue très rapidement. Lorsque la surface du manteau neigeux retrouve une température inférieure à 0°C, l’eau contenue dans les couches de surface regèle pour former une croûte de regel. Si cette dernière est suffisamment épaisse, tout risque d’avalanche est écarté tant qu’elle demeure en surface et qu’elle n’est pas à nouveau humidifiée.
En cas de pluie, lorsque la quantité d’eau apportée est importante, pourrissant le manteau neigeux, il peut être préférable d’attendre la fin de l’épisode.
En cas de fonte due au rayonnement solaire (situation printanière notamment), il est nécessaire de choisir les orientations et altitudes selon le moment de la journée. Si le regel nocturne a été bon (nuit claire après humidification de la veille), les conditions sont propices le matin puis se désagrègent au fur et à mesure de la journée et de la fonte de surface. Les pentes orientées à l’Est sont les premières affectées par l’humidification, puis celles en Sud et enfin celles en Ouest. Plus on avance dans la saison, plus l’humidification intervient tôt dans la journée.
En cas de ciel couvert et de températures douces au court de la nuit (après humidification la veille), la neige pourra ne pas avoir regelé en surface. Dans ces conditions, la situation est critique dès le matin.
D’une manière générale, plus la quantité d’eau liquide est importante dans le manteau neigeux, plus il devient nécessaire d’adopter un comportement défensif et des règles de déplacement (espacement, îlots de sécurité, etc.).
Dès que la température de la neige atteint à nouveaux des valeurs inférieures à 0°C, l’eau liquide regèle et permet la formation d’une croûte. Une telle couche est caractérisée par sa dureté et une très forte cohésion. La couche est souvent d’aspect grisâtre, translucide, cassante, les grains ne peuvent être séparés.