Figure 1: Lave torrentielle
Description du phénomène
L’origine des mouvements de terrain est liée aux matériaux du sol et à leur réaction en présence d’eau, de chaleur, de froid, du poids exercé sur le terrain. La force de gravité joue aussi un rôle important.
Par exemple :
- L’eau dans les zones calcaires occasionne une dissolution de matière, provoquant des risques d’effondrement.
- L’alternance de températures extrêmes chaudes et froides fait éclater la roche, provoquant des risques de chute de pierres ou de blocs.
- L’alternance de périodes humides et sèches gonfle les argiles qui se compressent ensuite lors de fortes chaleurs.
- La pression exercée par un poids (construction, pierres, eau…) engendre des tassements.
Il existe par ailleurs des facteurs aggravants ou déclenchants comme l’érosion (sur les littoraux par exemple), certaines activités anthropiques (comme le pompage d’eaux souterraines), de fortes pluies, la fonte des neiges, les séismes, les éruptions volcaniques, les explosions, les surcharges en tête d’un talus…
Par conséquent, suivant le climat, le couvert végétal et le relief, les mouvements du sol sont différents. Les régions montagneuses et les littoraux à falaises sont sujets aux chutes de blocs, glissements de terrain et coulées de boue. L’ouest et sud-ouest de la France, ainsi que les départements d’outre-mer, connaissent plutôt les retraits et gonflements d’argile. Les départements d’outre-mer voient également de grands glissements de terrain en saison humide, lors de passage de cyclones et fortes pluies. Les zones urbaines et le nord de la France voient davantage d’effondrements de cavités souterraines, de tassements ou d’affaissements. Cette description des types de mouvements de terrain selon les régions est néanmoins à relativiser dans le sens où l’on peut les trouver plus généralement sur toute la France.
Figure 2: Glissement de terrain en 2004 au François (Martinique)
Les conséquences
Peu de personnes sont victimes des mouvements de terrains. Le danger principal concerne les événements rapides ou se produisant la nuit. Ce peuvent être des accidents de la route dûs à des chutes de blocs, des noyades à l’occasion de coulées de boue, des ensevelissements de personnes après un effondrement de maison.
Les dommages sont visibles particulièrement sur les routes et bâtiments : fissures, décollement entre éléments jointifs, distorsion des portes et fenêtres, dislocation des dallages et des cloisons, rupture de canalisation enterrées. Le coût sur les bâtiments de 1989 à 2008 était supérieur à 152 millions d’euros par an.
Par ailleurs, selon les mouvements de terrain et leur localisation, ces derniers peuvent produire des événements en chaîne : tsunami s’ils sont sous ou au bord de l’eau (comme ce fut le cas avec le tsunami de Nice en 1979), avalanche lorsque de la neige recouvre la zone en mouvement, embâcle puis débâcle si la masse de matériaux tombe dans un cours d’eau et le coupe.
L’éboulement appelé “les ruines de Séchiliennes”, en amont de Grenoble en Isère, pourraient causer un embâcle sur la Romanche qui occasionnerait l’inondation du village de Séchilienne en amont. Puis la rupture du barrage naturellement formé occasionnerait une vague de submersion sur les villes en aval. Pour éviter un tel événement, de nombreux travaux ont été réalisés : déplacement de la route départementale et construction d’un chenal et d’une galerie de dérivation pour permettre tout de même le passage de l’eau, construction de merlons pare-blocs pour éviter que les roches n’aillent sur la rivière…
Figure 3: Les Ruines et la « zone immédiate » d’exposition au risque
Quel est l’impact du changement climatique sur les mouvements de terrain ?
Le changement climatique a pour principaux effets d’augmenter les températures et la fréquence des fortes pluies. Or l’eau et la température agissent directement sur les roches et matériaux sédimentaires. La pluie augmente la masse volumique et les frottements, et la cohésion entre les matériaux est modifié.
Ainsi le nombre de glissements de terrain risque de s’accroître :
- La chute des blocs rocheux risque d’augmenter à cause de la fonte du pergélisol (terre normalement toujours glacée) présent en altitude en France et ce à cause de l’élévation de la température.
- Le nombre de laves torrentielles devrait augmenter dans certains milieux de haute montagne de par la fonte des glaciers (libération de matériaux et d’eau) et la fréquence accrue des pluies intenses.
- La monté des mers et océans, ainsi qu’un plus grand nombre de tempêtes, occasionnent une aggravation de l’érosion sur les littoraux.
- L’augmentation du nombre d’épisodes de sécheresse, de plus en plus longs, va augmenter les dégâts sur les bâtiments, dégâts liés au retrait/gonflement des argiles. L’observatoire national des effets du réchauffement climatique prévoit une hausse des coûts de 17%.
Les Moyens de protection :
Les mouvements de terrain sont naturels, il est impossible de les arrêter, mais il existe des moyens pour maîtriser leur vitesse, leur zone d’impact et agir sur la réduction des vulnérabilités humaines et structurelles.
Afin de réduire l’exposition de nouvelles constructions en zone à risque, les PPR (Plan de Prévention des Risques) réglementent l’urbanisation, notamment en interdisant de construire sur des cavités souterraines ou sous des parois rocheuses instables ou encore sur des couloirs de laves torrentielles. La loi littorale réglemente également la construction en bords de mer, lacs, cours d’eau. Cette loi a pour objectif de préserver l’environnement. Elle évite également que de nouvelles constructions ne soient exposées aux risques d’érosion. Dans tous les cas, il est nécessaire de faire une étude de sol avant la construction d’un bâtiment. Suivant le contexte, il sera indispensable de réaliser des fondations jusqu’à la roche solide.
A côté des plans d’aménagement, de nombreuses techniques sont mises en place pour ralentir, limiter la progression des déplacements et protéger les populations, infrastructures routières et bâtiments. En voici quelques exemples :
- La végétation ralentit les chutes de pierres et blocs en formant une sorte de muraille. Elle maintient aussi l’humus, ce qui ralentit l’érosion. Néanmoins, sur des zones argileuses, la végétation boit l’eau des poches d’argile, ce qui aggrave le phénomène retrait/gonflement.
- Les grillages ou filets tendus sur les falaises permettent de garder les petits éboulis (jusqu’à 100 dm³) proches de la paroi rocheuse. Cette technique est principalement mise en place sur le bord des routes et pour protéger les habitations. D’autres techniques spécifiques sont mises en place suivant les caractéristiques des reliefs. Elles sont plus ou moins onéreuses.
- Pour limiter les glissements de terrain, plusieurs techniques existent, par exemple drainer (faciliter l’évacuation de l’eau), faire des terrassements (modifier la pente par des marches pour réduire la masse de terre), mettre en place des inclusions rigides (introduction d’éléments rigides dans le sol pour le stabiliser).
- D’autres techniques, dites actives, consistent à agir directement sur le mouvement en accélérant le phénomène et en le maîtrisant. Par exemple, il s’agit de faire tomber des blocs de roche instables sur une zone adaptée à leur réception.
Les consignes à suivre :
A l’annonce de l’événement
Les mouvements de terrain peuvent être rapides ou lents. Dans le premier cas, il est très difficile de prévoir l’événement. Des GPS et caméras peuvent être installés pour alerter. Reliés à une barrière automatique et à un feu tricolore sur une route, ils peuvent imposer de s’arrêter. Dans le second cas, des signes visuels (fissures, affaissements, bourrelets, arbres basculés, zone de rétention d’eau…) peuvent indiquer le début du mouvement.
Consignes à suivre
- S’éloigner du mouvement de terrain en fuyant latéralement la zone instable.
- Couper l’électricité et le gaz
- Evacuer et s’éloigner des bâtiments touchés
- Ne pas revenir sur ses pas
- Ne pas entrer dans un bâtiment endommagé
- Informer la mairie de l’événement